Ghérasim Luca(23 juillet 1913 Bucarest - 9 février 1994, Paris) est un poète roumain et un théoricien du surréalisme.
Ghérasim Luca nait en Roumanie dans un milieu
juif ashkénaze, comme son meilleur ami Paul Celan.Son père
Berl Locker, tailleur, meurt en 1914.
Il est très jeune en contact avec les langues française, germanique,
viennoise et berlinoise, toutes présentes à Bucarest au début des
années 1930, ses années de formation, et il lit très tôt de
nombreuses oeuvres philosophiques.
Il prend part à la fondation puis à l'activité du groupe surréaliste
roumain, mené par Tzara, Fondane, Brancusi, Brauner.
En Roumanie, avant la fin de la guerre, il publie son manifeste
non-Oedipien, perdu à ce jour, qui toutefois irrigue l'oeuvre dans
son ensemble.
Après un rapide passage en Israël, à partir de 1952, il s'installe
définitivement à Paris, où il vit pauvrement à Montmartre, rue
Joseph de Maistre. Il poursuit des activités artistiques multiples
et en particulier ses réalisations graphiques parmi lesquelles les
"cubomanies" sont remarquables.
Il parle le yiddish, le roumain, le français et l'allemand et
devient un poète francophone surréaliste reconnu, dont les
performances ne laissent personne indifférent.
Son ami et complice Jacques Hérold, peintre, placarde sur les murs
de Paris, peu avant mai 1968, une liste de tableaux imaginée pour
lui par André Breton et des poèmes de Luca.
A partir de 1973, les philosophes Gilles Deleuze et Félix Guattari
lui rendent hommage. Deleuze le cite dans L'abécédaire
(Parnet) et
en parle comme du "plus grand poète français vivant".
Ghérasim Luca lit lui-même ses poèmes, lesquels proposent une écriture d'une très grande
grande complexité dont la volubilité et la
retenue font les deux modalités contradictoires mais toujours
associées. Tantôt participant à des cycles ou à des projets de
livre, chaque poème est minutieusement organisé jusqu'à sa
typographie en utilisant le jeu des pages tenant ainsi au plus fort
du livre une oralité de l'écriture pleine de rythme. Son travail
manifeste, depuis le début, une véritable obsession de la mort sous
toutes ses formes tout en recherchant le plus vivant du langage
jusque dans l'écriture de mots-valises et de formes syntaxiques
défaisant tout académisme linguistique pour inventer un langage
plein de sujet, de subjectivation et de relation.
Le poème Passionnément (1948) constitue à lui seul une prouesse
remarquable puisqu'il invente l'amour en tenant politique, éthique
et poétique d'un même souffle loin de toutes les dichotomies
habituelles (lyrisme/objectivisme ou intime/public...).
Début 1994, il reçoit un avis d'expulsion de son appartement,
officiellement pour des raisons d'hygiène. Le 9 février, il se
suicide en sautant dans la Seine.
Son ami le photographe Gilles Ehrmann lui a rendu hommage avec
La Maison d'yeux (1994).Il avait passé 40 ans en France sans papiers
comme "apatride" et vivait avec la peintre Micheline Catti.
Son influence a fécondé, de son vivant, des poètes comme Serge Pey,
Jean-Pierre Verheggen, Joël Hubaut, Olivier Cadiot, Julien Blaine ou
Serge Ritman, et elle ne cesse de grandir, comme en témoignent les
récentes adaptations de son oeuvre au théatre et les nombreuses études qui
paraissent sur son oeuvre et sur lui.
sources : fr.wikipedia.org et le site des éditions José Corti